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Cycle Nûr

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#34✦ HADITH N°34 — Changer le mal selon la capacité

**Abū Sa‘īd al-Khudrī** رضي الله عنه • **Muslim**

Texte arabe

مَنْ رَأَى مِنْكُمْ مُنْكَرًا فَلْيُغَيِّرْهُ بِيَدِهِ فَإِنْ لَمْ يَسْتَطِعْ فَبِلِسَانِهِ فَإِنْ لَمْ يَسْتَطِعْ فَبِقَلْبِهِ وَذَلِكَ أَضْعَفُ الْإِيمَانِ

Traduction

Que celui d’entre vous qui voit un mal le change par la main ; s’il ne peut pas, alors par la parole ; et s’il ne peut pas, alors par le cœur, et cela constitue le degré le plus faible de la foi. [4] CHARḤ — EXPLICATION DÉTAILLÉE 🔹 Sens général Ce hadith établit une **responsabilité collective et individuelle** face au mal (*munkar*). Il montre que l’Islam n’est pas une religion de passivité, mais une religion d’**engagement mesuré**, guidé par la sagesse et la capacité réelle. Le Prophète ﷺ expose **trois niveaux d’intervention**, adaptés à la situation et à la personne. 🔹 Premier niveau : changer par la main Changer par la main signifie : * une action concrète, * une intervention directe. Ce niveau **n’est pas ouvert à tout le monde**. Il est réservé à ceux qui disposent : * d’une autorité légitime (parents, responsables, autorités), * ou d’un pouvoir reconnu, * et qui sont sûrs de ne pas engendrer un mal plus grand. Sans autorité ni capacité, ce niveau devient interdit s’il mène au chaos. 🔹 Deuxième niveau : changer par la parole Ce niveau concerne : * le conseil, * l’exhortation, * l’enseignement, * l’avertissement. Il est accessible à un plus grand nombre, mais reste soumis à des conditions : * sagesse, * douceur, * connaissance, * choix du bon moment. La parole qui provoque un mal plus grave contredit l’objectif du hadith. 🔹 Troisième niveau : rejeter par le cœur Lorsque l’action et la parole sont impossibles ou dangereuses, le croyant doit au minimum : * désapprouver intérieurement, * ne pas accepter le mal, * ne pas s’y habituer. Ce niveau est qualifié de **plus faible degré de la foi**, non parce qu’il est inutile, mais parce qu’il marque une **absence de capacité**, non un choix. 🔹 Principe fondamental à retenir Les savants ont déduit de ce hadith une règle essentielle : Le mal ne doit pas être combattu par un mal plus grand. Toute intervention doit être évaluée selon : * ses conséquences, * son efficacité réelle, * son impact global. [5] LEÇONS À RETENIR * Le croyant n’est pas passif face au mal * L’intervention dépend de la capacité et de l’autorité * La sagesse est une condition indispensable * Le rejet du mal commence dans le cœur * L’objectif est la réforme, non le désordre